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PAIX ET RÉCONCILIATION AU MALI : 2024 s’annonce décisive

Lors de sa présentation de ses vœux de nouvel An à la nation le 31 décembre 2023, le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, a annoncé avoir « pris l’option de privilégier « l’appropriation nationale du processus de paix, en donnant toutes ses chances à un dialogue direct inter-maliens pour la paix et la réconciliation afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires ». Cette décision, selon le Président, est déjà partagée avec les différents acteurs nationaux et internationaux concernés dès l’entame du retrait de la MINUSMA. Si cette annonce a été saluée et appréciée par des Maliens, il n’en demeure pas moins que des groupes armés, notamment les séparatistes Touaregs regroupés dans le Cadre stratégique permanent  (CSP), sont des réservés. D’ailleurs, ils viennent de le prouver le 2 janvier à travers leur porte-parole, Mohamed Elmaouloud Ramadane, qui déclare ceci : « Nous pensons que le dialogue inter-maliens est une façon de prononcer la caducité définitive de l’’Accord et de mettre la Médiation internationale à la porte ». Pourtant, il faut reconnaître que ces groupes armés sont réellement concernés par ce dialogue direct inter-malien puisque c’est aussi par eux que l’Accord a été signé en 2015. Ce dialogue va-t-il se tenir sans ces groupes armés ?

 

En effet, dans son adresse à la nation à l’occasion du nouvel An, le Président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a rappelé les chantiers du gouvernement, ce qui a été fait en 2023 et ce qui reste à faire dans différents domaines, et aussi les énormes sacrifices consentis par les Maliens et les Maliennes. S’agissent des chantiers du gouvernement, le numéro 1 de la République a rappelé que l’État a renforcé l’’amélioration de la gouvernance et a accéléré l’’appui aux entreprises publiques. Il a également poursuivi l’’appui au monde rural à travers les subventions sur les entrants et l’’aide aux producteurs de coton sinistrés. Le colonel Assimi Goïta a aussi rappelé que l’État a soutenu le financement du secteur privé en fournissant un appui conséquent au fonds de garantie du secteur privé à plus de 100 milliards de francs CFA. Et de poursuivre : « Le Gouvernement a poursuivi ses actions dans différents domaines en vue daméliorer les conditions de vie de la population et les indicateurs macroéconomiques sont bien orientés malgré les effets de la crise multidimensionnelle. Les investissements importants sont également engagés dans les domaines de la santé et de l’éducation par la construction dinfrastructures, lacquisition d’équipements et le renforcement des capacités. L’étude prospective du Mali 2063, avec une phase décennale, a été lancée  afin de doter notre pays dune orientation et dune vision claire pour son avenir ».

 

Le Président Goïta n’a pas manqué de signaler que « toutes ces actions déterminantes pour lavenir de notre pays ont été réalisées grâce à la résilience du peuple malien qui consent d’énormes sacrifices pour le retour de la Paix, de la Prospérité et de lautorité de l’État ». Il ajoute : «  Dans le cadre de la pacification durable du climat social, le Gouvernement et les partenaires sociaux ont signé le Pacte de Stabilité sociale et de Croissance, dont lincidence financière est efficace à plus de 105 milliards de francs CFA. Ce pacte intègre lensemble des réformes administratives, juridiques et institutionnelles contenues dans les recommandations de la conférence sociale », a expliqué le Président. Revenant sur la question de la paix et de réconciliation, le président de la République a été très clair : « Lunité nationale et le vivre-ensemble constituent le socle sur lequel nous devrions bâtir toutes les actions pérennes de développement. Nous sommes à une étape charnière de lavancée de notre pays vers la paix, la sécurité et le développement ». C’est pourquoi, ajoute-il, « capitalisant les avancées réalisées dans le cadre du processus de paix, et tirant les enseignements des défis qui subsistent, jai pris loption de privilégier lappropriation nationale du processus de paix, en donnant toutes ses chances à un dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation, afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires. Cette décision, que nous avions déjà partagée avec les différents acteurs nationaux et internationaux concernés dès lentame du retrait de la MINUSMA, exige de nous, Maliens et Maliennes, que nous nous donnions la main, afin de réconcilier notre pays et assurer la cohésion nationale. Dores et déjà, je tiens à souligner que lunicité, la laïcité de l’État et lintégrité du territoire ne feront pas partie des sujets de discussion ainsi que les 3 principes qui sous-tendent laction publique du Mali ». Il s’agit pour lui, à travers ce dialogue « de créer les conditions pour que chaque Malienne et chaque Malien puisse s’épanouir dans un environnement marqué par la confiance retrouvée entre les communautés sous la protection de l’État ». Pour créer les conditions pour ce dialogue, « un comité chargé de piloter ce dialogue sera mis en place dans un délai dun mois et il devra déposer son rapport au plus tard en février », précise Assimi Goïta. S’agissant de la question du terrorisme, Assimi Goïta a donné l’assurance que le combat contre « les groupes armés terroristes » se poursuivra jusqu’à la pacification totale du pays. « Sur aucune portion du territoire national, il ne devrait y avoir de la place pour ceux qui ont décidé dattenter à nos terres et à la vie de nos populations », a renchéri le président de la République.

 

Réaction du Cadre stratégique permanent  (CSP)

 

L’annonce d’un dialogue inter-malien faite par le Président Assimi Goïta semble ne pas être le goût de tous les groupes armés du Cadre stratégique permanent  (CSP). C’est pourquoi, leur réaction ne s’est pas faite attendre. En effet, le mardi, 2 janvier 2024, le CSP, à travers son porte-parole, Mohamed Elmaouloud Ramadane, a rejeté l’idée d’un « dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation » avancée par le Président de transition. Selon eux, cela prononcerait la caducité définitive de l’Accord.  « Nous pensons que le dialogue inter-malien est une façon de prononcer la caducité définitive de lAccord et de mettre la Médiation internationale à la porte », a déclaré à Mohamed Elmaouloud Ramadane. Aussi, les mouvements armés séparatistes Touaregs dénoncent ce qu’ils appellent « le caractère unilatéral de cette décision de lexécutif de la transition ». Pour leur porte-parole, « cest une manière pour les autorités maliennes de rejeter laccord dAlger déjà signé par toutes les parties et garanti par la communauté internationale. Nous ne sommes pas prêts à prendre part à un processus de paix qui ne sera quun simulacre ». Au regard de ces différentes déclarations et vue la détermination des autorités de la transition à aller vers un Mali souverain, le dialogue inter malien annoncé va-t-il se tenir sans ces groupes armés et qu’elles peuvent être les conséquences sur le processus de paix et de la réconciliation dans le pays ? L’année 2024 s’annonce très décisive.

A suivre  

Rassemblées par Zié Coulibaly 

Source : Plume Libre

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