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DISPARITION FORCEE AU MALI : Quatre mois après sa disparition, des experts de l’ONU exigent la libération du militant El Bachir Thiam

Dans un communiqué en date du 09 septembre 2025, des experts des Nations Unies ont appelé les autorités maliennes à révéler le sort et le lieu où se trouve le journaliste et militant El Bachir Thiam, disparu il y a quatre mois.

« Le Mali doit libérer immédiatement et sans condition El Bachir Thiam et les autres victimes de disparitions forcées, et mettre fin à la répression contre les acteurs de la société civile, les défenseurs des droits humains et les opposants politiques ou ceux qui sont perçus comme tels », ont déclaré les experts.

El Bachir Thiam est journaliste pour le site MaliActu et membre de plusieurs organisations de la société civile et mouvements politiques, dont le parti politique Yelema – Le Changement, dirigé par l’ancien Premier ministre Moussa Mara, le Collectif Sirako et un mouvement de jeunesse appelant au retour à l’ordre constitutionnel, dont il est le porte-parole et le responsable de la communication. Thiam aurait été enlevé le 08 mai 2025 devant plusieurs témoins dans la ville de Kati par un groupe d’au moins cinq hommes cagoulés et non identifiés soupçonnés d’être des agents des services de renseignement maliens – plus précisément appelés Agence nationale de la Sécurité d’État (ANSE) – ou par des éléments de la gendarmerie du Camp I de Bamako, qui circulaient dans un véhicule TOYOTA V8 4×4 gris aux vitres teintées et sans plaque d’immatriculation. Ses proches et ses collègues l’auraient recherché en vain dans les commissariats et les gendarmeries de Bamako et de Kati. Depuis lors, le sort et le lieu où se trouve Thiam restent inconnus. « Au fil du temps, l’état de Thiam risque de se détériorer davantage et aura des conséquences graves sur sa santé physique et psychologique », ont déclaré les experts. Le 17 juillet 2025, Thiam Mariam Dagnon, épouse d’El Bachir Thiam, a déposé une plainte pour enlèvement et disparition auprès du procureur de la République du tribunal de grande instance de Kati. L’enlèvement et la disparition forcée présumés de Thiam ont eu lieu dans le contexte de mouvements de protestation pacifiques initiés au début du mois de mai 2025 par plusieurs mouvements et partis politiques, ainsi que par des acteurs et des organisations de la société civile, à la suite de l’adoption en avril 2025 par les autorités de transition maliennes de lois draconiennes restreignant davantage l’espace civique. « Les autorités étatiques qui détiennent des personnes et refusent de reconnaître qu’elles sont en détention ou de révéler leur sort ou leur lieu de détention les placent hors de la protection de la loi et commettent le crime de disparition forcée de personnes, tel que défini dans le Code pénal malien. De tels actes constituent une disparition forcée, quelle que soit la durée de la détention ou de la dissimulation », ont déclaré les experts.

 

« La disparition forcée d’El Bachir Thiam et d’autres personnes constitue une violation flagrante des obligations juridiques internationales du Mali. »

 

Les experts ont souligné que les autorités maliennes auraient recours de plus en plus souvent aux disparitions forcées comme arme pour semer la peur et réduire au silence les acteurs de la société civile, les défenseurs des droits humains, les opposants politiques ou ceux qui sont perçus comme tels. « Ces actions suivent un schéma récurrent. La fréquence de cette pratique, son caractère organisé et les méthodes utilisées indiquent un caractère systématique », ont-ils déclaré.

 « L’ANSE agit avec un sentiment manifeste d’impunité et d’etre dans son droit », ont déclaré les experts. Ils ont noté que, selon la législation malienne, l’ANSE est placée sous l’autorité directe du président de la République et que ses agents ne peuvent être poursuivis dans l’exercice de leurs fonctions, sauf s’ils ont commis une infraction grave du fait de la négligence ou de la violation flagrante des procédures (articles 8 et 9 de l’ordonnance du 1er octobre 2021 portant création de l’ANSE), mais ils ne font l’objet d’aucune surveillance ni d’aucun contrôle rigoureux. « Du fait qu’elle relève directement du président de la République, les actions de l’ANSE soulèvent des questions de responsabilité pénale au regard du droit malien et international. »

 « Le cas de Thiam reflète la persistance et l’escalade des violations des droits humains à l’encontre des membres des partis politiques d’opposition, des organisations de la société civile, des journalistes et des défenseurs des droits humains au Mali », ont déclaré les experts, rappelant que plusieurs titulaires de mandat avaient exprimé des préoccupations similaires en 2021, 2024 ainsi qu’en février, avril et août 2025.

Ils ont noté que la situation a continué à se détériorer, comme en témoigne la signature ou l’adoption de plusieurs lois draconiennes, notamment un décret présidentiel du 13 mai qui a dissous tous les partis politiques et « organisations à caractère politique » au Mali.

F.A

Source : ohchr.org

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