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EDM-SA : Tristesse et questionnements au sein de l’entreprise

Nommé Directeur général de la société EDM-sa lors du conseil des ministres du 04 septembre, le jeune officier Madani Dravé n’a pas tardé à s’installer comme tel. Mais pas sous de bons auspices : les assauts multiples subis depuis par les citernes convoyant le carburant au pays, précieux liquide dont EDM-sa est totalement tributaire. Le nouveau déjà réussira-t-il à sauver la situation ?

 Il faut d’abord s’incliner devant la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie à cause du problème qui perdure, dont des chauffeurs et leurs apprentis calcinés dans les flammes. Mais il faut pointer du doigt la responsabilité de l’Etat dans ce qui arrive au pays. L’Etat, depuis un certain temps, semble vouloir se défausser de sa pleine et entière responsabilité pour jeter en pâture la seule EDM-sa contre laquelle il pousse malicieusement les populations. C’est le sentiment qui prédomine chez les travailleurs de la grosse boîte, où qu’on les rencontre. On ne cache pas l’amertume qui turlupine les uns et les autres. Celui-ci ne décolère pas contre les autorités, en rappelant un passé pas si lointain : « Il y a des choses qui sont incompréhensibles dans la supposée affaire de détournement de gaz oïl. Des propos qui insultent toutes les intelligences ont été tenues à cette époque parce que ces autorités, avaient pensé que les Maliens n’étaient même plus capables de réfléchir, tellement, à cause de leur propagande tendant à faire croire que c’est avec eux que le Mali renaît alors qu’elles sont en train de foudre la merde avec des histoires de souveraineté, de patriotisme, de nationalisme, et que sais-je encore, que nous voulons entendre même elles-mêmes ne soient pas de bons exemples… » L’autre, en face de lui, sirotant bruyamment son thé, peste : « Les autorités nous demandent de ceindre les ceintures alors que nous n’en avons plus, à force de courir derrière ce qui est indispensable à la vie normale, quotidienne… Pendant ce temps, elles-mêmes ne montrent pas le moindre signe de protéger les biens de l’Etat, on les voit même s’adonner à des choses qui ne permettent pas de croire qu’elles ont conscience de la triste situation… » Et de rappeler l’affaire des 59 citernes détournées en quatre jours, qui a sérieusement défrayé la chronique. « Vous avez idée, dit un troisième, une citerne contient normalement 45 000 litres :  59 × 45000 litres, cela donne 2 655 000 litres en raison de 800 F/l. Normalement, on ne doit pas avoir du mal à situer les responsabilités si déviance, voire crapulerie-détournement, il y a, car les citernes sont immatriculées et ce sont des personnes qui donnent des bons de commande et qui reçoivent les produits. Donc, à ce niveau, il ne devrait pas avoir de problème. A l’analyse des propos tenus par la ministre de l’Energie de l’époque, qui n’a même pas attendu les conclusions de l’enquête diligentée, la problématique de l’électricité n’est pas encore réglée parce que, lorsqu’on ne connaît pas le mal, on ne saurait donc pas le traiter, ce qui n’est pas croyable. Car, si tous les médicaments soignent une maladie, il faudra cependant appliquer le médicament approprié à chaque pathologie, sinon la solution deviendra toujours plus dramatique pour la maladie ».

L’impunité, la cause de tout

Avec le recul, il faut se demander aujourd’hui si c’était possible de détourner aussi facilement 59 citernes de 45 000 litres en quatre jours. Si oui, qu’est-ce que les autorités attendent encore pour élucider ce crime, après n’avoir fait rien de rée lpour mettre la main sur les auteurs ? Avec tout ce que nous avions comme unités d’enquête, peut-on faire plus deux jours sans qu’ils ne soient mis sous mandat ? Pourtant, personne n’a été arrêtée à EDM-sa elle-même, ne serait-ce que pour des besoins d’enquête. Il s’y ajoute que les photos des citernes n’ont pu être prises. Etait-il (est-ce encore) possible de revendre aussi facilement sur le territoire national une si importante quantité de combustibles dans des stations d’essence ou dans des usines sans que les auteurs ne soient connus ou arrêtés ? En contournant des pétroliers spécialisés et reconnus comme tels ? Aucun travailleur d’EDM-sa n’a été arrêté, aucun bureau n’a été non plus scellé, et pas même un agent suspendu des activités professionnelles suite à l’affaire pour des fins d’enquête !

« Tiens ! Ce Directeur général recruté seulement en 2015, qui n’avait jamais travaillé auparavant durant un an plein à EDM-SA avant sa nomination, s’est retrouvé par magie à la tête de l’entreprise. Pourquoi ? Parce qu’il était un parent au président ou un protégé du Chérif de Nioro ».  Et celui qui nous rejoint d’ajouter : « Au moment où EDM-sa agonisait, nul ne l’ignorait, on lui fait recruter, comme son prédécesseur l’avait fait pour eux, plus de 400 personnes ! Pour quoi en faire ?  Le bon sens indique que c’est pour tout simplement mettre du plomb dans les ailes de EDM-sa… Pourquoi recruter et payer certaines à ne rien faire parce qu’ils sont plus présents à la maison que dans les bureaux ou sur les chantiers de l’entreprise ? » Un autre grief s’invite. Au même moment, « nous avons des besoins au niveau de nos centres de l’intérieur où ce sont des bénévoles qui sont dans nos murs depuis plus de dix ans qui font tous le boulot, et ils ne sont pas recrutés. Voyez-vous, « nous n’avons pas besoin de ceux qui sont recrutés, ici, à Bamako, qui n’ont même pas souvent là où s’asseoir, à plus forte raison de travailler. Les plus chanceux sont 5 ou 6 dans un petit bureau sous la climatisation et l’électricité de EDM-SA, encore une autre charge pour ne rien faire. Cette pratique a prospéré sous la transition, à EDM-sa comme à l’INPS, voire dans toute la Fonction publique. Il y a quelque chose de suspect… » L’homme à la casquette, avant de se retirer, exprime fâcheusement son désarroi : « Si ceux qui doivent défendre nos intérêts sont incapables de faire la moindre distinction entre ce qui est bien et ce qui est mauvais pour le pays, il y a problème ». « Laissez-moi revenir sur l’ancienne ministre de l’Energie qui a tenu des propos exagérés à l’époque et en s’acharnant trop contre les travailleurs d’Edm-sa, avant même qu’elle soit en possession des rapports d’enquête.

Affaire groupes électrogènes

Un seul exemple : quand elle a dit qu’une facture de milliards est doublement payée, cela voudrait expliquer aussi (elle ne s’en était pas rendue compte) qu’elle aussi est complice des malversations pour avoir audité nos comptes. De même que ses collègues Auditeurs sont complices ou ne connaissent rien. Tout le monde sait aujourd’hui que des pratiques de la sorte ne sont pas possibles à EDM-sa avec Oracle, qui est un système informatique de suivi de paiement et d’achat. Est-ce qu’il est dit dans un rapport de la SE, du CASCA, du VG qui sont tous passés chez nous, qu’une seule facture a été payée deux fois à EDM-sa ? »

C’est l’impunité et le social qui a foutu ce pays en l’air. Les réseaux maffieux, à Edm-sa et partout ailleurs, doivent être démantelés. Il y a eu bien de scandales, qui demeurent couverts par l’impunité injustifiable. L’affaire des groupes électrogènes ou affaire Case Construction fait partie de ces scandales historiques. Mais ce dossier a tout l’air d’avoir été classé sans suite. Pourquoi ?

Moussa Bane

Source le National du jeudi 30 octobre 2025

 

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