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APPLICATION DES NOUVELLES TAXES SUR LA COMMUNICATION : Une décision contestée et qui fait chuter la popularité des autorités de la transition

Après un premier report du 19 février 2025, dans une lettre confidentielle, le ministre de l’Economie et des Finances, Alfousséni Sanou, instruit les sociétés de téléphonie mobile le démarrage effectif, à partir du vendredi, 28 février 2025, des prélèvements spécifiques pour alimenter le fonds de soutien aux projets d’infrastructures de base et de développement social. Quatre jours après la date butoir annoncée, l’opérateur de téléphonie Orange Mali vient de démarrer l’opération de taxation. Il a informé ses clients à travers un communiqué et des SMS. Toutefois, les premières opérations provoquent déjà des grincements de dents. 

« Chers clients, Orange vous informe que conformément aux taxes en vigueur, une contribution est désormais appliquée sur vos recharges, vos factures ainsi que vos retraits d’argent », peut-on lire sur le document. Celui-ci précise : « Un prélèvement spécifique de 10% est appliqué sur toutes vos recharges de crédit auprès de nos distributeurs, vos recharges par carte à gratter ainsi que vos achats de crédit, de forfaits ( Séwa, Internet Mobile, Ne Taa) et abonnements ( Fibre, So’Box Mobile/Fixe) via Orange Money ». Aussi, ajoute-t-il : « un prélèvement spécifique de 1% est appliqué sur toutes vos opérations de retrait d’argent Orange Money. Ces prélèvements sont reversés au profit du Fonds de Soutien aux projets d’infrastructures de base et développement social ».    Une semaine avant, dans une lettre, le ministre rappelait ceci :« Dans le cadre de l’opérationnalisation du Fonds dénommé Fonds de soutien aux Projets d’infrastructures de base et de développement social, tel que prévu par l’Ordonnance n°2025-008/PT-RM du 07 février 2025 et son Décret d’application n°2025/0077/PT-RM du 07 février 2025, nous vous informons que les prélèvements spécifiques visés par lesdits textes devront être exécutés à compter du premier jour ouvrable suivant la publication du décret d’application dans le journal officiel, c’est-à-dire le 10 février 2025 ».Et  d’ajouter : « Nous vous demandons de veiller à ce que votre système de facturation et de collecte soit mis à jour afin d’assurer une gestion fluide et conforme de ces prélèvements. Il est impératif que les montants collectés soient versés mensuellement dans le compte bancaire ouvert dans les livres de la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA) sous le numéro ML043 01001 002001202882 78 ». Avant de prévenir : « Les sociétés de téléphonie mobile (sont informées) que tout retard ou défaut de paiement vous expose à des sanctions conformément aux dispositions de l’article 8 du Décret n°2025/0077/PT-RM du 07 février 2025. Nous comptons sur votre coopération pour la réussite de cette initiative dont l’objectif est d’améliorer les conditions de vie des populations en facilitant l’accès aux infrastructures essentielles ». Il faut rappeler que le gouvernement entendait mettre ces nouvelles taxes sur les communications en application le 19 février dernier, avant de reporter leur entrée en vigueur à une date ultérieure. Le vendredi 28 février 2025, à partir de 00 heure, a été décidé par le gouvernement, mais les choses semblent toujours au point mort et aucune annonce officielle n’est encore filtrée.

Des explications sur les procédures du prélèvement

Contacté par Studio Tamani, un responsable du syndicat des travailleurs d’Orange-Mali explique que désormais, sur chaque recharge de mille francs CFA, le consommateur recevra neuf cents francs CFA sur son compte crédit. Soit une retenue de 10 %. Concernant les transactions Orange Money ou Moov Money, le client paiera le double, soit 1 % pour l’opérateur et 1 % pour l’État. En termes clairs, les frais de retrait de 10 mille francs CFA passent de 100 à deux cents francs CFA, selon le syndicaliste.

Des avis partagés

Cette décision suscite des réactions à Bamako et dans le reste du pays. Les personnes interrogées sont divisées sur sa pertinence et son impact sur leurs activités. Néanmoins, toutes appellent les autorités à utiliser efficacement les fonds collectés.

Une colère grandissante face à la vie chère

Rappelons que ces nouvelles charges interviennent dans un contexte d’inflation galopante, exacerbant la frustration des citoyens. Mariam Koné, membre du Front populaire contre la vie chère, exprime son indignation : « Les autorités ont osé prélever nos sous sans notre consentement. Personnellement, je ne suis pas d’accord. Et cela n’engage que moi. Je ne renoncerai pas à un centime de mon argent. Et je ne pardonnerai jamais. » Elle rappelle que les Maliens peinent déjà à faire face à l’augmentation des prix : « Pendant ce mois de Ramadan, le gaz butane de 6 kg est inabordable, contrairement au Burkina Faso. Le riz Gambiaka coûte entre 550 et 5 100 F CFA le kilo. Et la viande vient encore d’augmenter de 200 F CFA le kilo ! » Pour l’instant, les autorités peinent à convaincre. Si elles assurent que ces taxes financent des projets d’intérêt général, les consommateurs demandent des preuves concrètes et une transparence totale sur la gestion des fonds collectés.

Fabrice Abdoul

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