RECONNAISSANCE DU MERITE : Maires, les grands oubliés de la Transition ?

Au conseil des ministres du 16 octobre, il y a deux mois, des officiers des Forces armées et de sécurité, dont le président de la Transition et ses quatre compagnons d’armes historiques du 18 août 2020, ont été élevés au grade de général. Puis, un mois après, presque jour pour jour, le 15 novembre à Koulouba, le Grand Maître des Ordres nationaux, des personnalités issues de divers secteurs parce qu’elles ont incarné les valeurs pour la refondation du Mali : bravoure, innovation, solidarité, dignité et leadership.
Parmi les heureux récipiendaires, pas un seul maire n’a figuré. Un maire s’en étonne, avec une amertume perceptible. « Pour les militaires, c’est compréhensible, l’armée fait proprement le job sur les théâtres d’opération, avec détermination et stoïcisme. Normal que la haute hiérarchie militaire soit au cœur de la reconnaissance du mérite. Mais distinguer pêle-mêle des acteurs de la vie nationale à l’exception notoire des maires, c’est incompréhensible, c’est insultant pour les élus », s’indigne-t-il. Un autre édile se pose la question, avec une grande colère perceptible, de savoir quels torts les élus, exclusivement les maires puisqu’il n’y a pas actuellement de députés, ni d’Assemblée nationale, causent à la Transition. Un troisième, qui exprime en général la perplexité de tous les maires, veut réellement que l’on dise si vraiment sur 703 communes au Mali, il n’existe pas un seul méritant parmi ses homologues, de Diboli à Labezzanga. Pas un seul parmi les Maires principaux, les premiers, deuxièmes, troisièmes… adjoints, une bonne population d’au moins trois mille serviteurs des populations qui les ont élus pour cela ? Si c’est le cas, cela veut dire tout simplement que les populations ne savent point élire, en tout cas se soucient peu ou pas du tout de l’efficacité de ceux qu’elles mettent aux affaires pour leur bien-être et pour leur bonheur. Le constat est si amer que ceux qui ont été distingués par le chef de l’Etat le 15 novembre à Koulouba sont issus des sphères politiques, culturelles et administratives. Les administrateurs apparaissent d’ailleurs comme les plus nombreux à avoir été distingués comme pour nier le travail des maires dans les collectivités. Or, ce sont bien ces maires qui sont les véritables supports du développement au niveau local et il y en a, beaucoup, qui font quotidiennement le bonheur de ceux qui leur ont fait confiance en les élisant.
Bref, oubli ou pas, griefs fondés ou pas contre les élus locaux, négligence incompréhensible ou manque de considération, l’année 2024 tire vers sa fin. Elle risque de rester dans l’histoire comme celle du mépris pour les maires, mépris royalement voulu par la Transition. Au général d’armée Assimi Goïta de bien réfléchir à pareille méprise. Dans trois semaines, il sera trop tard de corriger.
Didi Demba Tandjigora
Source : Le National