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LE BURKINA FASO, LE MALI ET LE NIGER SORTENT DE LA CEDEAO : C’est enfin acté !

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) a annoncé mercredi dans un communiqué que le retrait du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger de l’organisation prend effet à compter de ce jour, 29 janvier 2025. Ouf de soulagement général en Afrique don’t les citoyens ne manqueront pas de pousser leurs gouvernants à romper les amarres avec l’impérialisme et le néocolonialisme. En empruntant tout simplement les allées traces par l’A.E.S.

La Cédéao affirme néanmoins « maintenir ses portes ouvertes au dialogue », ce qui laisse entendre qu’elle ne se console pas du divorce. Il est important de souligner que depuis une année, les trois pays sahéliens ont eu peu d’échange politique avec l’organisation sous-régionale. Sur le plan économique, il saute à l’oeil que les intérêts des deux Blocs sont liés. Certains pays membres de la CEDEAO, Côte d’Ivoire, Nigeria et Sénégal, produisent des produits manufacturés et les pays sahéliens fournissent les produits vivriers et le bétail. Lorsqu’on pousse l’analyse, il apparaît plus facile pour les pays de l’AES de tirer profit, éventuellement des taxes douanières. Contrairement à ce qu’a prétendu ironiquement Alassane Dramane Ouattara dans un entretien téléphonique (qui a fuité) avec l’ancien Premier ministre malien, Boubou Cissé, le Mali regorge d’économistes compétents et avisés en un nombre qui dépasse certainement celui repertorié dans son pays. On se demande toujours comment le pauvre Boubou Cissé a pu gober pareille injure ! Des économistes particulièrement doués, il y en a au Burkina Faso, au Mali et au Niger, il faut arrêter des insinuations malveillantes. En effet, il on peut augmenter les tarifs sur les produits manufacturés sans grande conséquence. Mais la CEDEAO a fermé ses frontières, les prix de la viande et des céréales sèches ont augmenté conséquemment en Côte d’Ivoire et au Sénégal, suscitant la colère des populations. On verra bientôt, avec l’arrivée de la fête de Tabaski (celle du sacrifice des moutons dans les pays à populations musulmanes) une illustration de cette réalité. Peut-être que, pour anticiper l gene, ce qui reste de la CEDEAO appellera l’ancien Président, Macki Sall, pour une expertise qui lui a permis de sauver la face en se precipitant à Bamako en 2023.

Les avantages de la monnaie commune

Ce n’est pas la première fois qu’un pays quitte la zone du franc CFA (la Guinée en 1960,  la Mauritanie et Madagascar en 1973, ou encore le Mali entre 1962 et 1984). Toutefois, la spécificité de cette annonce réside dans la volonté de créer une monnaie commune à trois États relativement homogènes en termes de PIB par habitant ou de structures économiques. Ils ont en commun une croissance démographique très rapide, un certain enclavement, l’importance de l’agriculture céréalière et de l’élevage, mais aussi de la production minière, notamment aurifère. À celles-ci s’ajoutent, pour le Burkina et le Mali, le coton, et pour le Niger l’uranium et le pétrole. Enfin, pour ces trois pays, les revenus issus des migrations vers les pays côtiers jouent un rôle très important. L’A.E.S. est donc plus proche de constituer une zone monétaire optimale que la Cédéao, beaucoup plus hétérogène.

Les inconvénients : financer les États

Mais ces structures économiques assez proches ne doivent pas occulter des performances macroéconomiques contrastées, ce qui requerra un effort de convergence. Les déficits budgétaires en 2022 sont de 7,2 % du PIB pour le Burkina Faso, 4,8 % pour le Mali, et 6,8 % pour le Niger, tandis que les déficits des paiements courants atteignent respectivement 6,2 %, 6,9 % et 14,4 %. Pour le Niger, il existe des perspectives de redressement grâce aux exportations de pétrole qui atteindront 90 000 barils par jour en 2024. Compte tenu des difficultés de financement des États et de l’importance des besoins existants (population jeune, infrastructures déficientes, nécessité de lutter contre l’insécurité, de payer l’Africa Corps et de satisfaire les élites locales, anciennes ou nouvelles…), les États de l’AES seront poussés à exercer une forte pression sur la nouvelle Banque Centrale pour financer leurs dépenses par de la création monétaire, avec à la clé une inflation élevée, qui aurait pour conséquence une pression à la dépréciation plus ou moins rapide de la nouvelle monnaie.

Abdou Karim Dramé

Analyste Enjeux et Innovations du Développement durable,

Chercheur sur les Stratégies de Croissance Accélérée

Source: Le National

 

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