RETRAIT DU MALI, DU NIGER ET DU BURKINA-FASO DE LA FRANCOPHONIE : Ce que l’AES reproche à l’OIF

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso décident de quitter l’Organisation Internationale de la Francophonie (OlF). Ils reprochent à l’organisation de refuser de reconnaître les gouvernements qui dirigent les pays de l’AES.
Dans une lettre en date du 18 mars 2025 adressée au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la République Française, pays hôte du siège de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République du Mali a fait part de la décision du Mali de se retirer de l’OIF en avançant un certain nombre de raisons. « La République du Mali, membre fondateur de l’Agence de Coopération culturelle et technique (ACCT), devenue par la suite l’Organisation Internationale de la Francophonie, a contribué, de manière significative, à la construction et au renforcement de cette organisation. Le Mali a, à maintes occasions, démontré son attachement aux valeurs et idéaux promus par la Francophonie. Cependant, depuis l’avènement de la transition, l’OIF, au lieu d’accompagner le Mali dans la réalisation des aspirations légitimes de son peuple, s’est illustrée par l’application sélective des sanctions et le mépris pour la souveraineté du Mali », mentionne la lettre. Et d’ajouter : « Le Mali ne peut demeurer membre d’une organisation aux agissements incompatibles avec les principes constitutionnels qui guident l’action publique au Mali, fondés sur la souveraineté de l’Etat, les choix souverains du peuple et la défense de ses intérêts. Par conséquent, conformément à l’article 10 de la Charte de la Francophonie du 23 novembre 2005, le Gouvernement décide du retrait du Mali de l’Organisation Internationale de la Francophonie ». La veille, le Niger et le Burkina Faso avaient déjà notifié à la Francophonie leur décision de s’y retirer. Par ailleurs, il faut rappeler que le Niger avait été suspendu de l’organisation quelques mois après le coup d’Etat contre Mohamed Bazoum. L’OIF avait exigé un retour rapide à l’ordre constitutionnel et la libération du Président déchu.
Un communiqué conjoint pour harmoniser la démarche
Après avoir notifié individuellement leur décision de retrait de l’OIF auprès du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la République Française, les ministres des Affaires étrangères de la confédération des Etats de l’Alliance du Sahel ont exprimé leurs positions dans un communiqué conjoint qui date du 18 mars 2025 et qui mentionne : « Le Burkina Faso, la République du Mali et la République du Niger, mus par les idéaux de rapprochement des peuples par la coopération multilatérale fondée sur la promotion de la diversité linguistique et culturelle et le dialogue des civilisations, ont participé activement, en qualité de membres fondateurs, au Sommet de Niamey qui a donné naissance, le 20 mars 1970, à l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) devenue l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF) en 1998, puis l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en 2005 ». Et de poursuivre : « Pendant les 55 années d’existence de la Francophonie, ces trois pays qui forment aujourd’hui la Confédération des Etats du Sahel (AES) ont contribué inlassablement, et de manière significative, à la construction et au renforcement de cette organisation. Cependant, depuis l’avènement de la transition au Mali, au Burkina, puis au Niger, l’OIF, au lieu d’accompagner ces pays dans la réalisation des aspirations légitimes de leurs peuples, conformément à leurs objectifs de paix, de coopération et de solidarité, s’est illustrée par l’application sélective de sanctions sur la base de considérations géopolitiques et le mépris pour leur souveraineté, devenant ainsi un instrument politique téléguidé ». Et de conclure : « Face à cette attitude condescendante, leurs Excellences le Capitaine Ibrahim TRAORE, le Général d’Armée Assimi GOÏTA et le Général de Brigade Abdourahamane TIANI, respectivement Chefs d’Etat du Burkina, du Mali et du Niger, fidèles aux aspirations profondes de leurs peuples et résolus à défendre leurs intérêts légitimes, ont décidé, en toute souveraineté, du retrait des Etats membres de la Confédération AES de l’Organisation internationale de la Francophonie. La décision de retrait a déjà fait l’objet de notification par les Etats membres de la Confédération AES, conformément à l’article 10 de la Charte de l’OIF ».
Rappelons que cet article 10 de la Charte de la Francophonie du 23 novembre 2005 stipule : « Tout membre peut se retirer de l’OIF en avisant le gouvernement du pays qui exerce la présidence du Sommet ou le gouvernement du pays où est fixé le siège de l’OIF, au moins six mois avant la plus proche réunion du Sommet ». Le même article de l’OIF stipule que le retrait prend effet à l’expiration du délai de six mois suivant cette notification.
Issa Diakité