PERIL SUR LE PACTE DE STABILITÉ SOCIALE ET DE CROISSANCE : Le SNESUP en grève jusqu’au paiement intégral des heures supplémentaires…

Signé le vendredi, 25 août 2023, entre le gouvernement et des organisations syndicales pour faciliter l’instauration et la consolidation d’un climat social apaisé propice à l’émergence économique, le Pacte de Stabilité sociale et de Croissance semble aujourd’hui être mis à de rudes épreuves. Le syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESUP) et le Syndicat national des assurances, banques et établissements financiers et commerce du Mali (SYNABEF), après des jours de grève, ne sont pas prêts à lâcher. Au contraire, ils sont déterminés à avoir gain de cause. Pire, le Syndicat National de l’Éducation et de la Culture (SNEC) a l’intention de leur emboîter le pas. Le pacte de stabilité sociale et de croissance serait-il menacé ?
En effet, afin d’apaiser le front social, un accord de pacte social a été signé le vendredi 25 août 2025, entre le gouvernement et des organisations syndicales. L’objectif de cet accord, selon les autorités, est de « faciliter l’instauration et la consolidation d’un climat social apaisé Le pacte est structuré autour de deux axes que sont le dialogue social et la liberté syndicale. Il comporte 7 chapitres et sera mis en œuvre sur la base des recommandations de la conférence sociale tenue du 17 au 22 octobre 2022. Les trois premiers chapitres traitent du fondement juridique du pacte, de ses objectifs et des attentes des parties signataires (gouvernement, employeurs et travailleurs). Les quatre autres abordent les engagements communs et spécifiques de chaque partie, sa mise en œuvre, le suivi-évaluation, entre autres. Le pacte comprend en tout 60 domaines d’engagement et 125 activités programmées sur 5 ans.
Qui sont signataires du pacte stabilité social?
Une vingtaine de syndicats et de centrales syndicales ont signé le document. Parmi eux, la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali CSTM, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali UNTM. Le syndicat de l’enseignement supérieur de la recherche scientifique et ceux de la magistrature, SAM et Sylima, ont aussi apposé leurs signatures sur le document. En le signant, les acteurs sociaux ont promis de privilégier le règlement pacifique des conflits sur les lieux de travail et d’intégrer les questions relatives à la performance de leurs entreprises. Lors d’une rencontre avec le président de transition, le Secrétaire général de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), M. Yacouba KATILE, a rappelé que le Mali avait vraiment besoin d’une stabilité sociale en vue de faire face aux grands défis de développement. C’est la raison pour laquelle les signataires de ce Pacte se sont engagés à maintenir le dialogue pour le grand bonheur des Maliens. Pour sa part, le Président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), M. Mossadeck BALLY, a précisé que la signature de ce Pacte n’est pas une fin en soi. Certes, « il y aura toujours des divergences, mais l’essentiel est de se mettre autour d’une table, discuter et les surmonter », a-t-il expliqué avant de préciser que « la finalité de ce Pacte est le bien-être des 22 millions de Maliens ». Il avait aussi rassuré le ministre de la mise en place les organes prévus dans le Pacte, notamment le Comité d’orientation stratégique, mais aussi le Comité technique afin de renforcer davantage la confiance placée en nous par les partenaires sociaux. Pour le ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, Dr Fassoum Coulibaly, « Cette signature contribue à renforcer la confiance entre le gouvernement, l’État et les partenaires sociaux que sont les syndicats et le patronat ». Mais voilà, à peine une année après sa signature, le Pacte de Stabilité sociale et de Croissance semble aujourd’hui être mis à de rudes épreuves au point d’ être menacé par des mouvements de grèves.
SNESUP et le SECMA
Les deux syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique avaient donné le ton en déclenchant un vaste mouvement de grève débuté le 27 janvier 2025. A la corde, un mot d’ordre de 144 heures, reconduit plusieurs fois jusqu’à satisfaction des revendications. Les syndicats, notamment le SNESUP et le SECMA exigent l’application immédiate de la prime de recherche prévue par un décret de 2017 qui n’a jamais été mis en œuvre.
Le SNESUP revient à la charge jeudi 20 mars 2025
En effet, dans une lettre adressée au ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur (SNESUP) annonce un arrêt de travail à partir du jeudi, 20 mars 2025, en réponse du refus de payer les heures supplémentaires et les tâches liées aux examens effectués. « Par la présente, le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique vous informe de sa décision de déclencher un arrêt de travail à compter du jeudi 20 mars 2025, en réponse au refus persistant de payer les heures supplémentaires et les taches liés aux examens effectués par les enseignants-chercheurs et personnels administratifs de I ’Enseignement supérieur », déclare le syndicat. Avant de préciser : « Depuis plusieurs mois, nos représentants syndicaux ont multiplié les démarches et les alertes pour attirer votre attention sur cette situation préoccupante. Malgré nos efforts, aucune solution concrète n’a été apportée pour régler ce problème qui concerne pourtant des droits légitimes et des engagements pris envers les personnels. Le travail supplémentaire et les missions liées aux examens (surveillance, correction, organisation) sont essentiels au bon fonctionnement de nos établissements. Pourtant, ces efforts ne sont ni reconnus, ni rémunérés à leur juste valeur. Ce qui constitue une profonde injustice et une atteinte à la dignité des personnels concernés, ayant pour conséquence la difficulté pour certains de nos collègues vacataires de nous accompagner en continuant à donner les cours à eux confiés ». Et : « Face à cette impasse, nous n’avons d’autre choix que de recourir à un arrêt de travail pour faire entendre nos revendications. Cet arrêt sera maintenu jusqu’au paiement intégral des heures supplémentaires et des tâches liées aux examens », a déclaré le syndicat.
Le syndicat des Banques dépose un préavis de 05 jours à partir du 7 avril 2025 pour une grève reconductible
Suite à l’incarcération des cadres d’ECOBANK-Mali dans une affaire de « faux, usage de faux, de détournement de biens publics et de blanchiment de capitaux » concernant le projet de centrale d’électricité de Djenné, le Syndicat national des assurances, banques et établissements financiers et commerce du Mali (SYNABEF) a finalement déposé un préavis de grève de 120 heures (5 jours) allant du 7 au 11 avril, reconductible du 14 au 18 avril sur la table du gouvernement avec un cahier de charge contenant 13 points de revendications, notamment la libération de leurs collègues. En effet, lors de son assemblée générale, le Syndicat national des assurances, banques et établissements financiers et commerce du Mali (SYNABEF) a décidé de déposer un préavis de grève pour obtenir la satisfaction de ses points de revendications. Selon le Secrétaire à l’information et à la communication du SYNABEF, Adama N. Sidibé, un préavis de grève a finalement été déposé sur la table du ministre du Travail et de la Fonction Publique, chargé du Dialogue Social. « Le cahier de charge contient 13 points de revendications, notamment la libération des cadres d’ECOBANK-Mali incarcérés dans une affaire de faux, d’usage de faux, de détournement de biens publics et de blanchiment de capitaux concernant le projet de centrale de Djenné ; le problème à Petro Bama ; le licenciement des syndicalistes à la société Baraka Pétrolium ; le licenciement collectif de 158 travailleurs à la société UBIPHARM depuis bientôt un an et demi ; la situation de BEREBEN », révèle-t-il.
Par ailleurs, apprend-on, les négociations sont toujours en cours entre les parties prenantes pour un dénouement heureux de la situation. Faute de satisfaction, le SYNABEF se réserve le droit d’observer une grève de 120 heures, soit 05 jours, du 7 au 11 avril 2025, reconductible du 14 au 18 avril 2025, sur toute l’étendue du territoire national.
Syndicat National de l’Éducation et de la Culture (SNEC) profère des menaces
Le lundi, 17 mars 2025, le Bureau Exécutif du Syndicat National de l’Éducation et de la Culture (SNEC) a tenu une réunion extraordinaire à la Bourse du Travail. A l’ordre du jour, la situation préoccupante de l’école malienne et les dispositions à prendre pour y remédier, ainsi que des questions diverses. Les difficultés évoquées par Moustapha GUITTEYE, sont, entre autres, la gestion administrative du personnel, les nominations, ainsi que le manque d’anticipation dans la résolution des problèmes liés au système éducatif.
Au finish, il a été décidé de tenir une conférence de presse le 25 mars 2025, suivie d’un dépôt de préavis de grève. Cette action vise à dénoncer les dysfonctionnements persistants et à exiger des solutions rapides et efficaces pour améliorer les conditions de travail des militants sur l’ensemble du territoire national.
Rassemblés Zié Coulibaly