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La situation d’anomie et de chaos qui prévaut au Mali est la preuve que la junte au pouvoir a fait son temps et le peu du peu qu’elle pouvait faire. Son incompétence a atteint son paroxysme. Son arrogance la déstabilise et la rend inconsciente des conséquences négatives potentielles et de la réalité de la situation dans le pays. Elle rejette constamment la responsabilité de ses échecs sur les autres, tout en se concentrant sur des messages de propagande, les arrestations arbitraires et des tâches moins importantes pour masquer son incompétence.

Autrement dit, elle a complètement échoué, car elle n’a réussi à atteindre aucun de ses objectifs, ni à satisfaire les priorités des Maliens. Elle a abandonné ses devoirs et ses obligations envers nos communautés, notre nation et Dieu. Elle a abandonné tout ce qui assure la solidité de nos liens sociaux. Il ne reste qu’un vide. Un vide que les soi-disant djihadistes impies veulent combler. Ensemble, et en tant que nation, nous ne les laisserons pas faire. Les Maliens ne se laisseront pas asservir par ces groupes impies djihadistes qui continuent d’agir contrairement aux prescriptions musulmanes, anéantissant tout acte de piété devant Dieu et détruisant même la crainte du Créateur. Les systèmes de guerres asymétriques déclenchés par ces mouvements djihadistes dont l’objectif est de pervertir nos valeurs sociales et culturelles et dominer notre pays ont pris une dimension régionale et une ampleur meurtrière sans précédent. Elles ont été menées par une coalition mafieuse de certains groupuscules politico-religieux et ont entraîné la mort de centaines de milliers de personnes et des déplacements massifs des populations qui ont dû affronter les pires conditions de survie. Ces djihadistes sont évidemment soutenus par certaines forces politiques nationales et étrangères, non seulement pour leur positionnement politique nationale, mais aussi pour leurs intérêts économiques et géostratégiques. D’ailleurs, la population malienne estime que les soi-disant démocrates et le gouvernement partagent avec les djihadistes la responsabilité du drame qu’elle vit aujourd’hui. Et oui ! Ces démocrates qui imposèrent aux maliens une variante de la démocratie qui n’est en fait qu’une contradiction du gouvernement du peuple. Ils continuent d’être au service de tous les régimes et certains sont même en copinage avec les djihadistes. Les millions de Maliens ne pèsent pas lourd face à leurs intérêts. Les droits de l’homme et la démocratie dont ils chantent sont les moindres de leur souci sauf lorsqu’ils peuvent fournir un prétexte pour détruire tout ce qui n’est pas suffisamment favorable à leurs intérêts. La démocratie est devenue une mode pour ces leaders politiques maliens. En effet, ils ont fait de la démocratie une moquerie et, malheureusement, avec l’aide de ceux qui doivent défendre les valeurs universelles de cette même démocratie. Le côté sombre de la démocratie ne réside peut-être pas tant dans ses valeurs, mais dans le reflet de ce que le cynisme politique en a fait. Notre pays est en proie à une instabilité politique sans précédent. La situation est devenue chaotique et ingérable pour la junte. Elle n’a aucun avenir à offrir au peuple malien. Nos populations qui ne sont plus protégées sont devenues la cible des attaques djihadistes. Elles sont traumatisées et se sentent abandonnées. La transition est devenue un mirage, sa parole une gifle à la mémoire de notre peuple et de nos valeurs.

Les Maliens réclament le changement

Pendant que le pays s’écroule, ce régime doit cesser de jouer à la politique malsaine créant des conflits d’intérêts entre les citoyens servant dans les différentes structures militaires, administratives et sociales de notre pays. Les événements récents au Mali font grandir les inquiétudes. Le pouvoir a sans doute montré ses limites. Les Maliens réclament un changement de régime et surtout un changement de direction, car nous traversons une crise de caractère et de qualité de leadership. Le régime doit écouter les citoyens maliens. Il n’est jamais trop tard pour agir correctement ou redresser la situation. Il est temps que le pouvoir change de position sur ce sujet soutenu par la volonté citoyenne. En effet, le régime est devenu contraire aux valeurs maliennes. Et, lorsqu’une longue série d’abus et d’usurpations, poursuivant invariablement le même objectif, témoigne d’une volonté de soumettre le peuple à un despotisme absolu, il est de son droit, de son devoir, de se débarrasser de ce régime et de prévoir de nouvelles garanties pour sa sécurité future et son bonheur. Quand on en a assez, il n’est pas nécessaire de continuer à accepter ou supporter les maux qui rongent. Par conséquent, nous devons tous réaffirmer notre engagement à œuvrer sans relâche pour l’avènement de bonnes politiques de gouvernance et d’un Etat qui garantissent une plus grande justice sociale pour l’ensemble des maliens et exigent le retour à une vie constitutionnelle normale. Il est tout aussi important d’organiser un front suffisamment puissant pour persuader les idéologues impies de ce djihadisme d’abandonner leur volonté de domination et leur faire surtout réaliser que la consolidation de la violence ne peut point être une voie pour accéder au pouvoir politique ou administratif. Notre pays se trouve aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire. Notre people est aux abois. Le Mali ne peut aller encore plus loin. Notre pays a atteint les limites du possible. Le régime incompétent auto-imposé, le cynisme des hommes politiques, la mauvaise gouvernance, le terrorisme et l’extrémisme sont et resteront toujours inacceptables, il faut l’affirmer sans ambiguïté. Notre pays ne saurait entériner ces maux sans s’autodétruire.

 Cheick Boucadry Traoré

Source le National du jeudi 30 octobre 2025